Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
UN MONDE D'AVANCE - SECTION LEON BLUM
15 avril 2011

UN MONDE D'AVANCE : NOS PRIORITES POUR 2012

UMAÀ quelques mois de l’élection présidentielle, notre victoire, dans la bouche de nombre de commentateurs, semble évidente et naturelle.

Et pourtant… Cette situation favorable nous l’avons déjà connue.

En 2002, forts de notre bilan, sourds face aux propositions, y compris celles qui venaient des nôtres, ignorant le résultat en demi teinte des municipales de 2001 nous décidâmes de ne voir que ce que nous voulions montrer : les victoires flamboyantes dans les grandes villes dissimulait le nombre important de défaites dans les villes petites et moyennes. Cela traduisait partout un mouvement de fond au sein d’un électorat populaire s’éloignant de nous, déboussolé et dont l’ultime absence à nos côtés se fit cruellement ressentir un soir d’avril 2002, privant la gauche d’un second tour "gagné d’avance".

En quelques minutes, nous passâmes du statut de favori à celui de disqualifiés. Nous faisions face à un « accident », certains l’ont analysé comme tel, préférant se porter en victime d’une injustice plutôt qu’en véritable responsable politique osant le face à face avec nous mêmes. Et c’est en raison de cette injustice qu’il convenait de ne rien changer, ou si peu.

En 2006, peu auraient parié sur la victoire du Ministre de l’Intérieur. L’ensemble des socialistes sans exception, candidats à la primaire, auront été au moins une fois donnés gagnants dans les sondages de second tour dans les 18 mois qui précédaient l’élection présidentielle. D’ailleurs, assurés de leur victoire en cas de désignation, chacun d’eux repoussa les limites du cadre commun, tout fût permis ou du moins ils ne s’interdirent rien. D’aucuns s’évertuaient chaque jour à faire "sauter les tabous " d’autres ne cessaient de répéter à qui voulait l’entendre que le projet du Parti n’était qu’ "un socle"et non  "un cadre". In fine, le socle se transforma en paillasson sur lequel les pieds des prétendants vinrent s’essuyer.

Divisés et sans cap, voulant parler à tout le monde (y compris au Modem d’ailleurs, qui un temps, devait nous fournir un 1er ministre), nous n’avons pas suffisamment rassemblé pour créer la dynamique, notre discours ne fournissant aucun point d’appui sérieux pour entamer une nouvelle marche du progrès : Et en 2007, nous perdîmes une fois de plus l’imperdable.

Se rappelant la formule de l’historien, il ne faut pas que "l'histoire bégaie" Tout reste à faire, et tout dépend de nous.

La droite est aux abois, au bord de la crise de nerfs, disloquée d’une part entre ce qui lui reste encore de républicain, d’héritage gaulliste et de l’autre, sa pente désormais naturelle dont le sarkozysme constitue l’inclinaison dominante et extrême. Les convulsions de la mutation qu’elle opère ne nous ont pas encore livré tous leurs enseignements. Mais une chose est sûre, la porosité qui rongeait le cordon républicain et qui jusqu’à présent séparait la droite de l’extrême droite a laissé place à des vannes ouvertes. Le flux est en double sens, et rien n’empêche d’imager un scénario identique à celui de la droite berlusconienne.

La droite, est dirigée par un Président de la République dont l’impopularité et le rejet sont sans commune mesure avec tout ce que notre République a pu connaître par le passé. Jamais l’abaissement de la fonction présidentielle, la banalisation du Parlement et l’affaiblissement de tout contre pouvoir n’avaient atteint un tel seuil.

Les résistances, les sanctions infligées à la droite par le biais des scrutins locaux, les appels incessants à l’alternative que constituent le mouvement social historique sur les retraites, les mobilisations quotidiennes pour les services publics, pour les salaires et de meilleures conditions de travail, l’aspiration à un autre modèle donne au fond de l’air la couleur de nos espérances.

En définitive, si tous les signaux d’une volonté d’alternance sont au vert, il est nécessaire d’en accelerer la construction et de tirer les enseignements du nouveau périmètre politique qui se dessine sous nos yeux. Et c’est à cela que justement le dernier résultat des cantonales nous incite, à la fois avec urgence et exigence.

Il serait reducteur de percevoir dans le résultat du dernier scrutin, la seule victoire de la gauche et la gifle infligée à la droite. Nous pouvons nous réjouissons de la victoire de la gauche unie, mais le contexte politique et le message envoyé par les Français doivent nous interpeler avec force : percée historique du FN, et abstention record à quelques mois de l’élection présidentielle sont des éléments qui ignorés, sous estimés ou bien encore cyniquement effacés du champ de notre analyse au profit de calculs internes, pourraient nous être fatals, comme elles l’ont été par le passé.

Dans l’immédiat pour nous, rassembler la gauche est un impératif. Cela ne se fera pas par décret et nous oblige dès maintenant à investir les combats communs, un programme partagé ainsi que les principes de fonctionnement et d’animation d’une gauche populaire rassemblée.

Il importe ensuite de rappeler les primaires ont surtout un sens si elles permettent d’organiser notre propre dépassement. C’est un prérequis si nous voulons en réduire les effets néfastes.

Pour emporter 2012, entendre 2011, le résultat des cantonales est plus encore...

Après le résultat des européennes, nous avions considéré et livré pour seule conclusion que les citoyens nous faisaient payer les errements collectifs du congrès de Reims étalés sur la place publique quelques mois plus tôt. Point d’analyse politique sur notre discours et encore moins de remise en cause de nos orientations qui nous amènent à chaque élection européenne à demander la même "Europe sociale" que les français n’attendent plus, la même "Europe démocratique" à laquelle nos concitoyens ne croient plus.

Une fois le mouvement social sur les retraites passé, nous avons donné le sentiment de retourner à nos occupations. Nous avons laissé dans le flou la population, qui se demande encore si nous reviendrons sur les mesures Fillon. N’y avait-il pas là l’occasion d’un front commun de la gauche politique tant pour accompagner le mouvement que pour lui offrir un débouché ? La seule perspective qu’eut à offrir la gauche fut une photo des leaders avant une des dernières manifestations, bien en deçà du rendez-vous historique qu’auraient dû provoquer ces mois de contestation…

Malgré un PS reconstruit et qui "travaille", les citoyens n’hésitent plus à nous faire payer nos manquements.

Les dernières cantonales viennent en quelque sorte confirmer un diagnostic : les citoyens ne veulent plus de la droite, mais pour autant ils n’octroient pas (encore) à la gauche, les qualités d’une dynamique populaire, majoritaire et d’alternative qui propose un avenir meilleur qu’il soit individuel ou collectif.

Il se passe quelque chose entre nous et ceux que nous sommes censés représenter qui tient de la distance et de la méfiance pour ne pas dire quelques fois de la défiance : Que fera la gauche, si elle l’emporte sur la question des délocalisations ? Nos usines continueront-elles à fermer ? La gauche assumera t-elle la part de radicalité nécessaire à toute réorientation, consubstantielle de toute refondation ? Et en Europe, assumera t-elle le débat, l’opposition et si nécessaire la crise alors qu’en 2012, un grande majorité des membres de l’UE resteront dirigés par des gouvernements de droite ? Au final que fera la gauche de notre vote ? "Que fera-t-elle de mon vote" ? L’utilisera-t-elle seulement pour conquérir le pouvoir ? Ou bien saura-t-elle en faire l’argument, la justification de sa légitimité à agir par la force du suffrage universel ?

Or le point de rencontre entre l’aspiration au progrès social et la crédibilité de la gauche pour le garantir se situe précisément là où la démocratie s’est évaporée. Quelque part entre l’État Nation qui ne pourrait "plus grand chose seul" et des institutions communautaires, financières, monétaires et commerciales qui "décident de tout" mais sans légitimité démocratique.

Les français veulent se réapproprier ce qui leur appartient, et avant toute chose la démocratie. En un mot la gauche ne gagnera en 2012 que si elle s’engage à redonner le pouvoir au peuple.

Les français veulent se réapproprier ce qui leur appartient : les gains de productivité spolié au profit des gels et des baisses de salaire, leur service public privatisé, leur énergie bradé sur l’autel de la concurrence, leur principes assis sur un minimum de respect de normes sociales élémentaires que le libre-échange total ignore, leur industrie dont la soit disant "économie de la connaissance" fait fi, leur niveau d’éducation et leur fonction publique que la bureaucratique et antidémocratique RGPP ne cesse de vouloir briser…

C’est avec cette préoccupation première que les camarades d’UMA ont investit le champ d’élaboration du projet socialiste…

Depuis le congrès de Reims nous nous sommes engagés dans un cycle politique, fidèles à notre cohérence et loyaux vis-à-vis d’une direction à laquelle nous participons. Ce cycle était celui de la reconstruction d’un outil, le PS.

La période qui s’ouvre est celle qui pose la question de l’utilité de cet outil. La réponse se trouve pour nous dans les convictions forgées dans le creuset de nos combat communs, et la capacité que nous avons à donner au parti les moyens de les mettre en action.

Source : Site d'Un Monde d'Avance (UMA). Texte d'Henri Emmanuelli et Benoît Hamon.

Télécharger le document ICI

Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 4 044
Publicité
Publicité