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UN MONDE D'AVANCE - SECTION LEON BLUM
20 juillet 2012

CONSEIL NATIONAL : INTERVENTION DE BARBARA ROMAGNAN

ROMAGNANLe 6 mai, la gauche, portée par François Hollande a remporté une victoire historique.

Mais si les Français ont été une majorité à choisir le changement, ils sont également nombreux à s'être abstenus, convaincus que leur bulletin de vote n'avait plus aucun pouvoir, que voter ne servait à rien.

A présent nous disposons de la quasi-totalité des pouvoirs institutionnels, nous avons l'obligation de réaliser ce changement.

A ce stade, certains peuvent se demander « Alors, pourquoi ne pas avoir rejoint  Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault ? » Pourquoi pas en effet ? Mais si c'est le cas, ce sera après le débat. Parce que nous pensons que ce moment est nécessaire, que le débat  est la condition pour que naissent des projets inscrits dans le long terme.

C'est dans ce cadre que s'inscrit cette contribution, que j'ai l'honneur et la responsabilité de vous présenter aux côtés de Benoit Hamon, Henri Emmanuelli, Liem, de nombreux militantes et militants, des responsables politiques et des parlementaires Français bien sûr mais aussi 23 députés allemand. Ce qui est le signe que ce qui nous rassemble aujourd'hui va au-delà de nos débats au sein du parti socialiste et même au-delà de la politique française.

Nous pensons que le changement est à notre portée...Mais que nous ne pourrons pleinement l'atteindre qu'à certaines conditions.

C'est pourquoi nous avons mis l'accent sur la politique européenne. Nous sommes convaincus que nous devons aujourd'hui changer radicalement de chemin si nous ne voulons pas que les droites européennes usent de cette crise pour assoir une politique toujours plus libérale.

Il nous parait urgent et essentiel de faire sauter les verrous conservateurs et libéraux qui imposent une austérité contreproductive à l'ensemble des Etats membres. Nous pensons que le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance est un verrou qui nous empêche de mener notre politique, de faire ce pour quoi nous avons été élus. Je n'emploie pas le mot « verrou » par hasard. Ce traité nous lie les mains. Il rend caduques nos engagements, il nous fait perdre toute crédibilité à réussir le changement.

François Hollande, par une position forte et déterminée est parvenu à enfoncer une brèche dans cette unité conservatrice. Il a permis à travers la recapitalisation de la Banque européenne d'investissement, la remobilisation des fonds structurels non utilisés, la taxation des transactions financières à l'échelle européenne, le déploiement des « Projects bonds », d'impulser enfin des initiatives en faveur de la croissance. C'est d'ores et déjà des avancées considérables que nous saluons

Tout le monde ici s'accord sur la nécessité et le devoir de résorber le déficit public. La question que nous posons est celle des priorités, si nous acceptions le rythme imposé par l'Europe, cela risque de nous amener à des politiques d'austérité non seulement injustes mais également dangereuses économiquement.

 Nous ne récusons pas la pertinence de l'échelle européenne, mais nous disons que les organes chargés aujourd'hui, de mettre en œuvre et contrôler les politiques européennes sont illégitimes à le faire. Le problème n'est pas le dessaisissement du pouvoir national au profit du pouvoir européen, mais le dessaisissement d'un pouvoir démocratique, fruit du choix populaire, du résultat des élections, au profit d'un pouvoir qui n'a pas cette légitimité.

Nous ne minorons pas non plus la difficulté qu'il y a à faire changer l'Europe. Nous savons qu'il n'y a pas que la France en Europe, que nous sommes 27. Mais nous pensons humblement, néanmoins avec convictions, que sans ce changement d'orientation européenne nous serons au bout du compte plus ou moins réduits à partager la misère.

C'est pourquoi nous avons entrepris de rechercher des appuis au niveau européens.

Cela ne signifie pas pour autant qu'aucune politique nationale n'est possible. Au contraire, nous pensons qu'il faut poursuivre l'engagement d'une politique économique fiscale et sociale juste résolument tourné vers l'emploi, qui privilégie la création plutôt que la rente, le travail plutôt que le capital et donne les moyens de l'autonomie et de la dignité à nos concitoyennes et nos concitoyens. 

Nous croyons également, qu'un nouveau modèle de développement économe en ressource, non consumériste, respectueux à l'égard des personnes et de l'environnement qu'elles habitent, est nécessaire. Nécessaire, d'une part, parce que c'est une exigence écologique. D'autre part parce nous savons bien qu'une relance du pouvoir d'achat, pour essentielle qu'elle soit, ne suffira pas à relancer la croissance et à créer un nombre d'emplois qui soit à la hauteur du problème du chômage.

Pour terminer, nous tenions à insister sur la nécessité du renforcement de la démocratie qui fonde l'action politique et permet de donner la force nécessaire pour mener des réformes qui suscitent bien souvent l'opposition de lobby, notamment financiers.

 Dans cet esprit, la limitation du cumul des mandats constitue un premier élément essentiel de la participation du plus grand nombre des citoyens. En effet, la limitation stricte du cumul des mandats permet, d'une part, que le pouvoir soit exercé par un plus grand nombre, que le pouvoir soit partagé, d'autre part elle facilite, sans la garantir, la participation de ceux qui sont traditionnellement exclus.

Au-delà, il s'agit de notre crédibilité politique. Les Français savent que la résolution de la crise et la résorption du chômage sont extrêmement difficiles et ne dépendent pas uniquement des politiques que nous allons mener en France. Ils ne comprendraient pas que nous ne mettions pas immédiatement en œuvre cette réforme salutaire, très populaire dans l'opinion, qui ne grève pas les comptes publics et à laquelle nous nous sommes à plusieurs reprises.

Barbara ROMAGNAN est députée (Doubs) et première signataire de la Contribution générale déposée par Un Monde d'Avance au Conseil national du 7 juillet.

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