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UN MONDE D'AVANCE - SECTION LEON BLUM
12 novembre 2008

GUILLAUME BALAS :"LA CRISE DEMONTRE LA FAILLITE DU SYSTEME NEOLIBERAL"

PARISComment est perçue la gauche dans la crise ?

La crise démontre la faillite du modèle néolibéral et la question est de savoir ce qu’on construit après le néolibéralisme. Car l’issue à cette crise n’est pas forcément progressiste et démocratique. Il peut y avoir des tentations autoritaires, nationalistes, on voit le résultat des élections législatives en Autriche. La gauche doit rompre avec l’idée qu’une simple adaptation au néolibéralisme est une solution et donc ne doit pas soutenir de façon inconditionnelle des plans conçus par la droite pour sauver uniquement les détenteurs de capitaux.

Comment l’abstention des parlementaires socialistes au plan de Nicolas Sarkozy a-t-elle été ressentie ?

La gauche, en pleine introspection, n’avait pas de réponse claire et ça s’est traduit par l’abstention. C’est pourquoi il faut dire maintenant clairement les choses. La vocation de la gauche est de défendre les populations. C’est ce qui doit la guider aujourd’hui. Il faut pour cela, non pas sauver le système financier, mais le réformer durablement. Et d’abord en nationalisant une partie du secteur bancaire pour contrôler l’investissement et avoir une politique à long terme. Il faut d’autre part que le monde du travail reçoive un soutien ferme des pouvoirs publics. Ce qui signifie que des mesures soient prises pour allonger la durée d’indemnité des chômeurs, qu’il faut un moratoire sur les licenciements boursiers, et pour soutenir la consommation, il faut des augmentations de salaires. Il faut donc à la fois des réformes de structure du système financier et un soutien à la population pour que la crise sociale ne se transforme pas en crise politique.

Est-ce que la crise a changé vos rapports avec les gens ?

Oui, de façon très significative. Le premier sentiment des gens, c’est la peur. Et le deuxième sentiment, c’est "on nous avait menti". Les dogmes intangibles depuis vingt-cinq ans s’effondrent. Et ça crédibilise à nouveau tous ceux qui avaient critiqué la dérive vers le capitalisme financier. Mais tout dépend de ce que va faire la gauche dans les prochains mois. Si elle est incapable de porter un débouché politique, d’autres le feront. Sarkozy le sent bien : il brouille les cartes mais poursuit une politique néolibérale. Si la gauche n’apporte pas de réponse, c’est mortifère. J’attends des congrès des forces de gauche, PS, PCF et Verts trois choses. Une orientation sérieuse, pas gauchiste, mais une réponse à la crise d’aujourd’hui qui dise comment nous protégeons la population. Ensuite, il faut que la gauche donne des signes d’unité et même que les différents partis soient capables de se dépasser. Nous sommes, avec Benoît Hamon, favorables à la constitution d’un grand parti de la gauche. Enfin il faut un renouvellement des visages, diversité, nouvelle génération. Il est difficile de penser que les gens qui ont porté l’échec pendant vingt ans s’affichent comme les figures incarnant l’avenir de la gauche.

Source : L'Humanité, Mercredi 12 novembre 2008, Entretien réalisé par O. M.

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